dimanche 13 mars 2016

LES DOCUMENTS QUE J'AI RASSEMBLES POUR LE CENTENAIRE DE LA GUERRE 14 18 : 25e , 26e et 27e épisodes



 

VIF AFFRONTEMENT AU MONT ST ELOI EN CETTE FIN D'ANNEE !

""27 DECEMBRE : départ à 7h. Mt St ELOI vers 10h30. Du Mt St ELOI un boyau de 6 km conduit aux premières lignes : BOIS DE BERTHONVAL. A l'entrée du boyau le Colonel BORDEAUX s'adresse à tous les chefs de section. A moi il demande si nous sommes prêts, prêts à aller jusqu'au bout ?
A MATINAGGI il demande s'il a les petits drapeaux pour signaler les tranchées prises. Notre artillerie tire ferme, mais engagés dans le boyau nous ne voyons rien. A 13h l'attaque part et la Compagnie va remplacer la 2e dans la parallèle de départ. Le terrain est jonché de cadavres. Dans la tranchée il faut enjamber les blessés ou mourants qui ont pu se traîner jusque là.

Les 1ere et 2e Compagnies ont avancé d'environ 300m et ont dû s'arrêter au talus d'un chemin à environ 60m des Boches. A gauche le 11e a progressé à droite sur le 27e.""

LE LIEUTENANT MARC PARTICULIEREMENT APPRECIE ENTRE AUTRES DE FONTANILLE EST GRIEVEMENT BLESSE

""VIolente fusillade le lieutenant MARC a été grièvement blessé (par son trop de témérité !) au moment de l'occupation de la parallèle de départ et c'est à MARTINAGGI que revient le commandement de la compagnie. Tout le monde regrette ce bon chef qui était aimé par toute la compagnie.

Vers 16h, ordre à la compagnie d'aller renforcer la 1ere fortement décimée. Il commence à faire sombre et notre mouvement peur s'effectuer sans trop de mal. Toute la nuit nous creusons des trous, pendant que la compagnie de réserve et le génie creuseront un boyau pour relier aux tranchées de départ. En arrière de nous ce ne sont que cris ou râles des blessés qui n'ont pas été relevés. Nous rouspétons après les brancardiers, mais par la suite nous constaterons que leur tâche était difficile. J'apprends que le capitaine MICHEL et le sergent Major MARRON ont été tués. 
Bons chefs les camarades, je les plains .""

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6226880w/f9.image











""Toute la nuit nous sommes sur la qui-vive car on craint un retour offensif qui, vu notre situation, pourrait bien réussir. Il pleut sans arrêt.""



PAUL FONTANILLE A DES NOUVELLES DE SON FRERE


""Mon frère ayant dû organiser un ravitaillement en munitions fait ravitailler ma section en particulier et me fait demander par un caporal comment ça va. Je comprends par là que c'était un moyen d'avoir de mes nouvelles. Bon frère !

A notre que toute la nuit j'avais souffert d'un mal de tête épouvantable au point d'être insensible à tout et de finir par m'endormir comme une brute malgré la pluie et la situation.

28 DECEMBRE : toute la journée nous nous défendons contre l'eau qui envahit nos trous. La fusillades des allemands est continuelle, leur position nous domine légèrement, aussi gare à celui qui se montre tant soit peu ! A cause de cela des chasseurs (c'est bien français !) s'amusent à mettre leur béret au bout du fusil pour s'y faire tirer dessus !
J'ai à côté de moi le Sergent LAURE de la 1ere Compagnie. Nous causons d'un tas de choses. Le pauvre sera tué le lendemain d'une balle ayant ricoché sur un fusil laissé sur la parapet. Atteint en plein front dans notre trou !""

ENFIN UNE RELEVE DES TROUPES MAIS TERRIBLEMENT PERILLEUSE POUR CEUX QUI 'EN REJOUISSAIENT

""Dans la nuit on nous annonce que nous serons relevés avant le jour.
En raison des difficultés de circulation, la relève arrive mais il fait jour ce qui est la cause que de nombreux hommes sont tués ou blessés pendant l'opération.
Par suite des pluies et de l'intensité de la circulation qui s'y est produite depuis le 27, le boyau qui nous ramène au Mont St ELOI est plein de boue dans laquelle on patauge jusqu'à la ceinture.

Arrivons au MONT St ELOI, vers 14h transformés en hommes de boue et exténués. Un peu de café et un bon coup de gnole nous donnent le coup de fouet nécessaire pour partir sur FREVIN-CAPELLE où nous cantonnons. J'achète un cochon pour la compagnie. Je mange, bois un bon coup et je m'enfonce dans la paille, la tête un peu chaude.

Les muletiers de la Compagnie sont venus au-devant de nous et m'ont apporté du linge propre (braves petits !). Je change de chemise et de caleçon  (plus que nécessaire !) mais seuls l'étrille et le couteau auront par la suite raison de la couche de boue sur nos effets de drap.

A midi départ de la compagnie sur BERTHOUSARD . A l'arrivée , quelle tête font ceux qui nous voient arriver dans un tel état !

Au cours de cette attaque les 1ere et 2e compagnies ont perdu la moitié de leur effectif, tués ou mortellement blessés. Ont particulièrement souffert les engagés volontaires arrivés au dernier renfort, pleins d'élan mais insuffisamment préparés à cette guerre.""

LES SOLDATS EXTENUES ET CROTTES FONT UNE PAUSE POUR MARQUER LA NOUVELLE ANNEE

""31 DECEMBRE : départ de BERTHONVAL à 13h. HENIN à 16h. Distribution de champagne et quelques douceurs offerts par l'Etat et de colis provenant de dons. Entre autres : superbes lots de la POLICE DE PARIS.

1er JANVIER 1915 : REPOS ABSOLU. Il faut pourtant penser à se nettoyer !

Du 2 au 11 JANVIER : Séjour à HENIN. Revues. Réparation des armes. Mangeons des lapins à satiété : un chasseur de ma section en collette 30 dans une seule nuit !
La 2er Compagnie est dissoute pour combler une partie des vides des autres unités. Le capitaine GARCIN (2e Compagnie) nommé Commandant quitte le bataillon pour retourner en BELGIQUE.""

LES HOMMES SE REJOUISSENT D'APPRENDRE QU'IL QUITTENT CET ENFER DE BOUE ET DE MITRAILLE des plaines du Nord où ils ont tant souffert  POUR  LES VOSGES

""12 JANVIER : Depuis hier il est question de départ... Pour les VOSGES parait-il. Nous sommes tous d'avis que notre place est là-bas et non dans les plaines du Nord !""



MONT-SAINT-ÉLOI (1000 habitants) est une commune française située dans le département du Pas-de-Calais en région Nord-Pas-de-Calais.

FRÉVIN-CAPELLE (400 habitants) se situe dans la région Nord-Pas-de-Calais et le département Pas-de-Calais (62)

BOIS DE BERTHONVAL  aquarelle de Jean Lefort
dessins1418.fr 






 

DIRECTION LES VOSGES et L’ALSACE (ENJEU EMBLÉMATIQUE DE CETTE GUERRE): DÉPART LE 12 JANVIER : St POL , BAR LE DUC, NOISY LE SEC. 14 JANVIER : ÉPINAL .
«  14 Janvier je rencontre RAMIERE de St MARTIN au 23e bataillon. Séjour au Pré avec GRISOT, je couche dans un lit vosgien (un seul drap). Exercices, reconnaissances dans les environs,  création de groupes d’éclaireurs-skieurs. Nombreuses parties de cartes . Mon frère vient déjeuner quelques fois avec nous.
26 JANVIER nous recevons l’ordre de départ. Des camions porteront les sacs. Nous étions si bien au Pré ! Toute la population est là pour nous dire au revoir. L’institutrice a fait sortir les enfants  pour nous saluer. BUSSANG, nous  franchissons  le tunnel et nous voilà en ALSACE.
JE suis choqué de ne voir que des inscriptions allemandes. Sauf quelques vieux, tout le monde parle allemand et ne comprend même pas le français. Aucun enthousiasme de la part des habitants. Est-ce bien cette ALSACE si Française dont on nous parlait tant ? Il est vrai que la guerre dure depuis bientôt 6 mois, que les boches sont installés ici depuis 45 ans, que des maris, des frères sont de l’autre côté et se battent  peut-être contre nous !
Nous installons la popote chez des ouvriers qui n’osent pas remuer ou alors se précipitent au moindre geste. Le père nous montre des photographies de famille en soldats français et ajoute que si les français étaient descendus 2 jours plus tôt au col, aucun homme ne serait parti servir l’Allemagne. Est-ce bien vrai ? En tous cas le commandant nous a fait des recommandations sur l’espionnage. Nous sommes en Allemagne dit-il." 

LA LUTTE EST RUDE EN ALSACE AUTOUR DU SUDEL
"11 FEVRIER : brusquement ordre de se porter à ALTEMBACH remplacer le 24e parti le matin pour faire une attaque sur le  SUDELKOPF. Mauvais pays, évacué de ses habitants. Cantonnement insuffisant. Il pleut, il fait froid. Le soir nous apprenons que le 24e a réussi son attaque
15 FEVRIER : je rejoins le SUDEL vers le soir et commence à m’occuper du matériel : fils de fer, boucliers de tranchées, charbon, abris de réserve, etc…
17 FEVRIER : le bataillon attaque le SUDEL 3 à 11h. L’attaque est menée par les 3e et 4e compagnies. Préparée par notre artillerie avec le concours du 220e de façon impeccable, bien que la position soit fortement organisée, les unités n’auront qu’à cueillir quelques prisonniers et au prix de peu de pertes.
Pendant l’opération, le commandant m’avait laissé au SUDEL 1 pour assurer la liaison avec la brigade. C’est sur le SUDEL 1 que  les allemands réalisent un barrage d’artillerie formidable avec des gros noirs.
Le soir je vais voir le commandant à son PC. Heureux du résultat, il me montre une capote en peau de mouton trouvée dans un abri allemand, qu’il s’est empressé d’endosser car il fait froid. Mais au même moment un gros pou sortait d’une de manches. Il m’apprend Que le Sous-Lieutenant BANZET a été superbe au feu.
27 FEVRIER AU 5 MARS : Depuis quelques jours il est question d’attaquer le REICHACKERKOPF. Attaque qui sera faite par le 23e. L’attaque est décidée pour  11h. Elle réussit d’abord pleinement. Le grand et le petit REICHACKERKOPF  sont enlevés et pourtant nous n’avons que peu d’artillerie pour nous appuyer. …"

EN ALSACE DÉCEPTION POUR LES SOLDATS FRANÇAIS QUI NE SONT PAS OBLIGATOIREMENT CONSIDÉRÉS COMME DES LIBÉRATEURS …
"Je ne croirai jamais que les allemands n’étaient pas prévenus de cette attaque car une heure après ils déclenchaient un barrage formidable sur le col du SATREL (arrières du 23e)et effectuaient un retour offensif avec des forces considérables.
Les compagnies du 6e sont appelées les unes après les autres en renfort du 23e la dernière est  la 6e dont le capitaine HAAS causait avec moi et le chef d’Etat-Major au moment où il recevait l’ordre (2 jours avant j’avais dit au capitaine HAAS homme courageux et parfaitement aimable qu’il avait été proposé pour le grade de chef de bataillon ce qui était vrai)
Avec le secours du 6e l’attaque ennemie est enrayée mais son artillerie continue de pilonner les positions restant entre nos mains et le col de SATTAL."

FONTANILLE EST BAPTISE « MAIRE DE GERMANIEN »
"Le commandant FABRY (par la suite député et Ministre) du 23e ayant été blessé le 6 au soir, le Lieutenant-colonel LANCON reçoit l’ordre d’aller prendre le commandement du secteur. Il pleut, je pars avec la liaison au nouveau poste de commandement. Arrivés sur place, le Lieutenant-colonel me renvoie à GERMANIEN où je m’occupais du ravitaillement, des abris, etc… en me donnant le titre de « maire de Germanien » (titre qui en plaisantant me restera par la suite au bataillon). Je me fais relier avec lui par téléphone et occupe le PC qu’il vient de quitter.

7 MARS ; au matin, nouvelle attaque des allemands. La 6e compagnie tenue jusqu’alors en réserve entre en ligne et les repousse mais le capitaine HAAS est tué. Brave que tout le monde regrette et que le commandant lui-même pleure.
7 AU 19 MARS : Le bataillon maintient ses positions mais les allemands renouvellent sans cesse leurs attaques à l’aide de grenades lance-flammes et lance-mines accompagnées de violents bombardements par gros calibres. Au point que le projet qui consistait à assurer aux unités à tour de rôle une journée et une nuit de repos à GERMANIA n’a jamais pu être réalisé. Les compagnies étaient bien souvent rappelées dès leur arrivée."

TRISTE PRESSENTIMENT DE Paul FONTANILLE POUR SON FRÈRE QUI A ETE ENVOYÉ AU FEU AU REICHACKERKOPF
"Le 7 la 5e compagnie est relevée au SILAKERKOF par du 24e et vient coucher à GERMANIA. Moi qui étais heureux de savoir mon frère dans un autre secteur… 

Hélas ce bonheur ne devait pas durer. En effet le 8 vers 16h sa compagnie reçoit l’ordre de se porter au REICHACKERKOPF . Au moment de son départ par crainte de lui faire de la peine et tellement je crains pour lui, je n’ai pas eu le courage d’aller l’embrasser …"





Assaut sur Reichackerkopf


QUELQUES REPERES :

Goldbach-Altenbach est une commune française de 277 habitanst, située dans le département du Haut-Rhin, en région Alsace

Le Sudelkopf est un sommet du massif des Vosges culminant à 1 012 mètres d'altitude.
Le Sudel est un sommet du massif des Vosges culminant 915 mètres d'altitude.

DÈS septembre 1914, la région de Munster est le théâtre de sanglantes embuscades,
« jusqu’aux portes de Colmar. Après une offensive allemande en février 1915 et deux offensives françaises en mars et juin 1915 au Reichackerkopf et à Metzeral, le front se stabilise au sud et à l’ouest de Munster. Une troisième offensive de grande ampleur est programmée sur le massif du Linge-Barrenkopf. Elle démontrera à quel point en haute montagne, comme à Metzeral ou au Reichacker, le relief du terrain joue un rôle prédominant sur l’issue de la bataille »

Capitaine HAAS : « Le 7 mars, à 16 heures, les Allemands tentaient, par une contre-attaque désespérée et menée par les meilleurs régiments actifs, de reprendre la position du Reichakerkopf, qui domine Munster (Haut-Rhin).  Au moment où l’ennemi, trois fois supérieur en nombre, réussissait à prendre pied dans une de nos tranchées, le capitaine Haas, commandant la 6ème compagnie, jusqu’alors en réserve, s’élança à la tête de ses braves chasseurs et mit les Prussiens en complète déroute. Le capitaine Haas a été tué d’une balle à la tête, au moment où il assurait la victoire. Le commandant salue, au nom de tous, la mémoire de ce vaillant officier, issu d’une vieille famille d’Alsace et qui est tombé sur la dernière crête qui domine la plaine du Rhin.                                                                             « Le chef de bataillon, Signé : LANÇON »

ORDRE DU BATAILLON N° 90 : « Le 6ème bataillon de chasseurs vient d’exécuter un travail considérable et périlleux en creusant, au nez de l’ennemi, une parallèle permettant de l’attaquer avec un minimum de pertes. Chasseurs ! L’effort de ce travail est presque terminé, reste à enlever les positions ennemies. Je sais que pour cela je puis compter sur vous, sur votre cœur de Français, sur votre volonté de vaincre. Au moment de l’assaut, pas de regards en arrière  Il faut, d’une seul bond, franchir et dépasser les retranchements ennemis. Dans cette circonstance, vous montrerez que vous êtes de vrais « diables bleus ». Le chef de bataillon commandant le 6ème B.C.A.« Signé : MELLE-DESJARDINS »

http://chtimiste.com/batailles1418/divers/historique6bca1.htm

RECOUPEMENT AVEC LE SITE 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6226880w/f37.image







FONTANILLE S’INQUIETE AU SUJET DE SON FRÈRE LOUIS AUGUSTIN

«  Le 9 MARS dans l’après-midi, je demande au serveur de sa popote qui est allé les ravitailler s’il a vu mon frère. Il me dit : oui, il était en réserve avec son peloton dans un abri.

Le 10 MARS : je venais de manger et me chauffait dans mon abri avec MOREAU le sergent téléphoniste. Coïncidence bizarre je causais de mon frère et lui racontait que tout jeune il avait failli se noyer dans une fosse à purin.  A ce moment arrive le Capitaine SAUVAGEON mandé au téléphone par le Lieutenant-colonel. J’entends qu’on lui dit de prendre les deux écouteurs. La conversation terminée, il se tourne vers moi et me dit que le sous-Lieutenant FONTANILLE, mon frère, vient d’être blessé, que les brancardiers sont partis le chercher, mais qu’il n’a pas d’autres détails.
Sur le coup je ne pense qu’à une chose, c’est que cette nouvelle blessure va le mettre à l’abri pour quelques temps et c’est dans cet espoir que je pars au poste de secours de SATTEL, où je compte le trouver.
Au poste de secours, le médecin auxiliaire CHAUSSEGROS me dit que mon frère n’est pas arrivé, que cela ne saurait tarder, mais s’empresse d’ajouter qu’il a entendu dire que c’était grave, qu’il valait mieux que je ne reste pas là et que j’aille voir le Lieutenant-colonel qui en savait peut-être plus long que lui. Un infirmier du 23eme tient le même raisonnement. Des brancardiers rentrent mais j’avais surpris qu’on les avertissait que j’étais là. A moi ils disent qu’ils n’ont pas pu le trouver.
Oh je comprends et tombe effondré. Je supplie CHAUSSEGROS de me dire toute la vérité. Il me répond qu’il n’en sait pas davantage et insiste encore pour que j’aille chez le lieutenant-colonel.
Je demande aux brancardiers de partir encore avec moi. Ils me disent oui d’abord en me soutenant, puis qu’ils iront seuls et qu’il faut que je me repose. Arrive PIETRI, neveu et secrétaire du Lieutenant-Colonel, même chose. Mais il m’emmène chez le Lieutenant-Colonel où je me laisse conduire.

MON PAUVRE FONTANILLE, VOTRE FRÈRE EST MORT GLORIEUSEMENT POUR LA FRANCE. »

En me voyant le Lieutenant-Colonel devine que j’ai compris mon malheur et s’avance vers moi, la main tendue, en me disant : Mon pauvre FONTANILLE, votre frère est mort glorieusement pour la France. »
Accablé je ne puis lui répondre. Il me fait asseoir. Au bout d’un moment je lui demande de faite l’impossible pour avoir son corps. Il envoie lui-même des brancardiers qui reviennent en disant qu’ils n’ont pas pu passer, que c’est trop bombardé. Il leur dit d’essayer demain avant le jour,  tout en continuant à m’adresser de bonnes paroles.
Que faire ?
J’ai mon service à assurer. Je dis au Lieutenant-colonel que je retourne à mon poste, mais lui demande encore une fois, et il me le promet, de faire tout ce qui sera possible pour avoir le corps de mon pauvre Louis. J’adresse la même demande à ALLEGRE, aux brancardiers qui me promettent également. Je sais que plusieurs (DURAND, CREPIN en particulier, braves petits) ont risqué de se faire tuer pour me rendre service.
Hélas, malgré tout ce qui sera fait je n’aurai pas ce corps tant aimé ! Je ne pourrai pas le déposer à SONGMATT à côté des capitaines HAAS et MARCORELLES. Tous mes préparatifs seront inutiles et le 29 Mars à 3h du matin je quitterai ce coin maudit après une prière pour le repos de son âme qui est au ciel, j’en suis sûr.
Dès le lendemain, ce ne sont que condoléances de la part des officiers, camarades, chasseurs qui me connaissent ou le connaissaient. Le colonel ROUX Commandant la Brigade vient me présenter les siennes. Et maintenant il me reste à prévenir mes parents, ma belle-sœur… Quel coup vais-je leur porter !
Le 12 MARS au matin, la 5e Compagnie vient au repos. Je demande à FAURE son Commandant de Compagnie de me chercher tous les témoins de sa mort. Aucun ! 44 hommes sur 90 de son peloton sont tombés. Seul MAUREL croit l’avoir vu, mais dans l’ardeur de la lutte n’a pu l’approcher. Il croit pourtant ne pas s’être trompé. Il serait tombé la face contre terre au travers du corps d’un de ses chasseurs.
Par contre j’apprends que mon frère jusqu’alors en réserve avait été appelé pour porter secours à un peloton du 24equi lâchait pied, qu’il avait repoussé l’attaque allemande et était tombé à ce moment vers 16h,  qu’à son tour, son peloton avait dû se replier, ce qui fait que son corps était resté entre les lignes au PETIT REICHACKER.
Le 12 MARS au soir, MAUREL couche avec moi. Je ne dors pas. Le 13 à 5h le lieutenant-colonel me téléphone d’envoyer tout de suite la 5e au SATTEL. Je réveille MAUREL. La compagnie part. MAUREL est tué dans l’après-midi. Deux jours après ce sera le Lieutenant MARCORELLES de la 2e dont on pourra avoir le corps et le descendre à SAGMATT dans le cercueil que j’avais fait préparer pour mon frère."

DOCUMENTS CONSULTES :

COL DU SATTEL :
Le col du Sattel est situé près du Gaschney  68380 Muhlbach sur Munster  (Alsace)  
Après presque 100 ans, la montagne porte encore les traces des bombardements et des combats : Il n'y a plus de rochers - il n'y a que des cailloux et le sol est jonché de barbelés, tôles ondulées, de morceaux de ferrailles. Même avec le temps on voit encore très bien les anciennes tranchées et les anciens abris. La ligne de crête est encore bien visible.C'est encore impressionnant tant ce lieu a été labouré par les pilonnages.


http://joseph-nicolas.skyrock.com/3076250241-Col-du-Sattel-Vosges-Alsace-8-photos.html


SAGMATT : je n’ai pas trouvé ce lieu



historique du 6e Bataillon :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6226880w/f9.image

Le Capitaine HAAS tué le 7 MARS 1915 au REICHACKERKOPF





Lieutenant MARCORELLES tué au SATTEL le 15 MARS 1915:











DOCUMENT EVOQUANT LA BRAVOURE DU LIEUTENANT Louis FONTANILLE






FONTANILLE Augustin Louis né à AIGUEZE le 16 Juillet 1880 décédé à SILLAKERKOFF en Alsace le 10 Mars 1915 (son corps n’a jamais été retrouvé)






































Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire