CONTEXTE HISTORIQUE POUR SITUER LE TEXTE DE Paul FONTANILLE :
Le 19 Août 1914, à 1 h 45 du matin, le 6e bataillon de CHASSEURS ALPINS quitte Guéblange, traverse Dieuze, reçoit les premiers coups de fusil à la sortie de la ville et prend sérieusement contact avec l’ennemi vers la cote 237. Il est 4 heures du matin, le jour commence à poindre et une brume épaisse couvre la région. Le bataillon déployé progresse en direction de Verguaville. La marche est pénible pour les hommes charges, qui avancent dans les champs d’avoine sur un sol détrempé.
Les compagnies de tête se trouvent bientôt soumises au feu de l’infanterie et des mitrailleuses ennemies dissimulées dans les récoltes et aux abords du village, qui est fortement ému.
Les Allemands, bien cachés, tirent à coup sûr, mais les pertes cependant sérieuses n’arrêtent pas les chasseurs, qui font preuve d’un absolu mépris du danger et d’une ardeur remarquable.
Malgré le poids énorme du sac et de l’équipement, ils courent, s’aplatissent, se relèvent, et repartent sans cesse; ils sont bientôt trempés jusqu’aux os et couverts de boue; mais peu importe, ils surmontent la fatigue, pour ne penser qu’au devoir.
Vers 6 heures, l’artillerie française apporte une aide efficace et, à 8 heures, dans une magnifique charge à la baïonnette, le bataillon s’empare du village de Verguaville.
Un moment après, il débouche dans la direction de Bensdorf.
d'après le site : http://chtimiste.com/batailles1418/divers/historique6bca1.htm
repos des poilus écrasés de fatigue dans le secteur de VERDUN en Avril 1916
CARNET DE Paul FONTANILLE Sergent major à la 3e compagnie du 6e bataillon des Chasseurs Alpins : les citations du carnet sont entre guillemets mes commentaires en italique.
LES TROUPES FRANCAISES SENTENT UN ACCUEIL PLUTÔT HOSTILE DANS CETTE REGION DE DIEUZE
Fontanille note que les troupes françaises ne sont pas reçues avec enthousiasme :" les habitants obéissent mais sans empressement, au contraire beaucoup de réserve. Étonnement général, nous qui croyions que les alsaciens lorrains nous attendaient avec impatience"
explication de ce sentiment concernant l'accueil "froid" des populations autour de DIEUZE : Dieuze fait partie du territoire cédé à l’Empire allemand en 1871, territoire qui deviendra le Reichsland Elsass-Lothringen. Pendant l'annexion allemande, la commune fait partie du Landkreis Château-Salins et compte 5 852 habitants en 1912]. Les jeunes appelés font leur service militaire dans l'armée impériale. Si certains rejoignent la France au début des hostilités, en 1914, la majorité d'entre-eux se battent pour le Reich allemand jusqu'en 1918. Après l'échec de l'offensive française en 1914, certains regrettèrent l’accueil qu’ils avaient réservé aux troupes françaises.
LES PREMIERS CONTACTS AVEC LE FEU "C'EST VRAI QU'ON MEURT A LA GUERRE !"
Nous sommes toujours au mois d’août, la troupe avec Paul FONTANILLE quitte LAGARDE en apprenant qu'un bataillon du 58e régiment d'Infanterie s'est laissé surprendre dans le village par la cavalerie allemande.
"ce bataillon a dû se défendre car à la sortie du village on a créé une fosse commune pour pas mal d'allemands dont un officier. C'est vrai qu'on meurt à la guerre!"
Le 18 Août ils arrivent en vue de DIEUZE (bivouac à GUEBLANCHE en fait GUEBLANGE) il note de la pluie et pas de ravitaillement. Régime : des pommes de terre "déterrées" dans un champ et cuites sous la cendre !
"cantonnement d'alerte à GUEBLANGE, nous dévastons tous les jardins pour faire la soupe. Le ravitaillement n'arrivera que dans la nuit. Le sous officier de la 5e Compagnie ayant trouvé à se faire préparer un repas dans une maison, mon frère m'invite à manger avec eux. Bonne aubaine !"
PREMIER ACCROCHAGE SÉRIEUX AVEC LES ALLEMANDS Paul FONTANILLE PARLE DU BAPTÊME DU FEU ...
le 19 Août la troupe part pour DIEUZE et tombe sur les allemands.
"les balles sifflent et dans ma section j'ai un blessé (FRAYSSE) et à la suite d'un bond en avant, voyant qu'un homme n'avait pas suivi, je vais voir pourquoi et je constate qu'il était mort (balle en pleine tête). Baptême du feu."
SON FRÈRE : FONTANILLE Augustin Louis né à AIGUEZE le 16 Juillet 1880 est blessé
"En liaison avec la 5e Compagnie, un sous officier me fait savoir que mon frère est blessé je cherche à le voir et je le trouve : une balle dans le pied et une à l'aisselle. La blessure à l'aisselle m'inquiète, mais je constate que la balle est ressortie sous le bras, ce qui me rassure un peu. Nous pleurons, moi de le voir blessé, lui de me voir partir vers l'avant. Comme il peut encore marcher je lui conseille de redescendre vers la route où il trouvera peut-être un moyen de se faire évacuer. Je rejoins ma section soulagé. Dès le début, je craignais plus pour lui que pour moi. Et je le crois maintenant hors d'affaire pour le restant de la guerre".
PAGAILLE AUTOUR DE DIEUZE :
"dans la matinée, quelques obus de chez nous sont tombés sur nos lignes ! Fâcheuse impression !"
"Toute la journée se passera en ordres, contre-ordres, avance, recul, quelle pagaille ! Finalement ordre de se reporter sur GEBRICOURT. Nous battons donc en retraite ! Chaleur accablante. vers midi, un oignon et un morceau de pain pour mon menu....
Fatigués, le ventre creux, ordre de consommer une demi-journée de vivres de réserve.
A MAUCOURT, des éléments des 23e et 27eBataillon de Chasseurs nous dépassent. Ils ont disent-ils perdu la moitié de leur effectif dans le marais de DIEUZE. La moitié de ceux qui restent est sans armes, sans sec, trempés jusqu’aux os"
UN COUP AU MORAL EN APPRENANT QUE: LA CAVALERIE ALLEMANDE EST ENTRÉE DANS BRUXELLES
"A LUNEVILLE, le lieutenant MARC qui a été autorisé à aller voir sa grand-mère revient en nous disant que la cavalerie allemande est entrée à BRUXELLES. déception générale : ici ça va mal, de l'autre côté aussi."
DES NOUVELLES RASSURANTES DE SON FRERE Louis :
"22 AOUT : avant le jour, ordre de se porter sur FRESCALI les allemands nous talonnent encore. A la porte de la caserne pendant que la colonne défile, un cycliste appelle : "Fontanille ! Fontanille ! il me tend une carte de mon frère disant qu'il est à LUNEVILE attendant son transfert vers l'arrière"
PREMIER COUP DE PELLE-PIOCHE POUR CREUSER DES TRANCHÉES près d'HAUSSONVILLE :
"23 Août : pas de ravitaillement. A 10h le bataillon reçoit ordre de se porter sur HAUSONVILLE où nous creusons des semblants de retranchements et où nous passons la nuit. Au début quel mal pour faire creuser la terre par les hommes ! Il est vrai que notre pelle-pioche individuelle n'était pas d'un grand rendement !"
DES NOUVELLES DE Louis REYNAUD D'AIGUEZE :
"C’est la reprise de la marche en avant, mais pas de contact. Des COLONIAUX sont en avant de nous. J'apprendrai plus tard que Louis REYNAUD d'AIGUEZE faisait partie de ces coloniaux!"
PROGRESSION EN TERRAIN DECOUVERT SOUS LES BALLES QUI SIFFLENT :
"6 AOUT : autour de LAMATH : "Avec ma section j'avais ordre de marcher sous la droite de LAMATH. Avance pénible en terrain découvert sous les balles qui sifflent et claquent. Les hommes ont tendance à se regrouper derrière moi . 7 ou 8 hommes resté derrière moi sont fauchés par une mitrailleuse (dont le brave GARNIER qui mortellement blessé crie "VIVE LA FRANCE" et tomber). Au cours de cette avancée je prends mon revolver sorti de son étui sans que je m'en aperçoive. Notre artillerie fait rage sur XERNAMENIL. les défenseurs lèvent le drapeau blanc. 5 officiers et 270 Bavarois se rendent ce qui nous permet de passer la MORTAGNE sur le pont.Aces prisonniers il faut ajouter une ambulance divisionnaire installée dans XERNAMENIL avec des demoiselles de la Crioix-Rouge et de nombreux blessés. Nous prenons également quantité de vivres qui sont très utiles. Le commandant fait distribuer comme prise de guerre les armes retirées aux brancardiers. Je reçois un parabellum qui a tiré, étaient-ce bien des brancardiers ? ... La compagnie a perdu ce jour-là 30 hommes tués ou blessés. Nous passons la nuit dans l'Eglise à moitié démolie."
"NOUS NE SOMMES PAS ENCORE FAITS A CE MÉTIER !"
C’est ce que dit FONTANILLE quand il doit enterrer un officier allemand que ses hommes n'osent pas toucher :
"c'est moi qui doit le fouiller , je le fais quand même à contre cœur (nous ne sommes pas encore faits à ce métier). Derrière le château on découvre un grand nombre de cadavres dont certains tellement déchiquetés que c'est horrible à voir"
Paul FONTANILLE FRÔLE LA MORT LE 28 AOUT au bois de BARETH :
"Installé à la lisière d'un bois, pendant que je fouille le terrain avec mes jumelles, appuyé contre un arbre, un boche me vise personnellement. La deuxième balle traverse mon manteau et coupe la bretelle de ma jumelle . Je me couche. On entend les allemands en face de nous mais on ne voit rien. Une vive fusillade se déclenche à notre gauche. Le lieutenant FISCHER de la 6e Compagnie est tué, mon camarade MIGNON blessé."
DIEUZE commune française située dans le département de la Moselle 3614 habitants
GUÉBLANGE-LÈS-DIEUZE est une commune française située dans le département de la Moselle
MAUCOURT est une commune française de 162 habitants située dans le département de la Somme en région Picardie.
HAUSSONVILLE est une commune française située de 316 habitants située dans le département de Meurthe-et-Moselle en région Lorraine
LAMATH est une commune française de 180 habitants située dans le département de Meurthe-et-Moselle en région Lorraine
XERMAMENIL est une commune française de 560 habitants située dans le département de Meurthe-et-Moselle en région Lorraine
la MORTAGNE est une rivière département des Vosges qui a donné son nom au village de MORTAGNE 162 habitants située dasn el département des Vosges
le BOIS DE BARETH près du village de FRAIMBOIS (Meurthe et Moselle 356 habitants)
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