samedi 24 septembre 2016

LA PREMIERE HORLOGE D'AIGUEZE PAR LE RECATAIRE

La première horloge à Aiguèze





Le portail de la Font, avec l'ancienne tour choisie pour y installer l'horloge ?


  
Connaitre l'heure exacte fut un défit auquel les anciens furent souvent confrontés. Si les travaux des champs ne demandaient pas une exactitude en ce domaine et que les paysans savaient se contenter de l'astre du jour, il n'en était pas de même dans l'administration communale ou religieuse où une certaine précision était à respecter.

Très tôt, les communautés, pour satisfaire ce besoin de précision, adoptèrent un des rares moyens mis à leur disposition pour indiquer l'heure: le cadran solaire. Mais celui-ci avait le fâcheux inconvénient de rester particulièrement muet par temps couvert, et malgré le fort taux d'ensoleillement sévissant dans notre région, cela demeurait un problème.

Dans les archives d'Aiguèze on ne retrouve aucune trace d'un quelconque cadran solaire installé sur le communal, mais cela n'en exclut pas l'existence. On les trouve parfois mentionnés dans les villages aux alentours et sont nommés "Montre à soleil" dans les actes notariés.
  
Sur notre commune, la délibération du 30 frimaire an 9, nous confirme qu'il n'y avait à cette époque aucun moyen pour connaitre l'heure. Jean Pagès, nommé pour fermer les portes du village durant la nuit, devait se fier au déclin du jour pour d'abord les fermer, puis "lorsque le jour commencera à paraître" pour les ouvrir, et cela "car il n'y a point d'horloge pour en fixer l'heure".
  
En 1808, suite à la vente de coupes de bois, François Romanet, alors maire de la commune, expose au conseil son dessein d'établir une horloge mécanique. Le conseil, approuvant le projet, en formula aussitôt la demande au préfet afin que leur fut donné autorisation de dresser un devis. Cette horloge sera à placer sur la porte d'entrée du village du côté du midi. Par la même occasion le conseil décide que la cloche de l'église se trouvant sur le rocher au-dessus du choeur de l'église soit placée auprès de celle de l'horloge. En effet cela faisait longtemps que les fidèles se plaignaient de ne point entendre le son de la cloche par temps de mistral et ainsi de manquer les offices...

  
Par la délibération du 10 mai 1809, le conseil, sous la présidence de François Romanet, approuve le devis relatif à la construction d'une horloge dressé par le Sieur Granet du Bourg St Andéol pour une somme de 2656,44 Frs. Le conseil charge le maire d'envoyer de suite ce devis au sous-préfet de l'arrondissement d'Uzès, afin qu'il le communique dans les plus bref délais au préfet du Gard (avec les moyens de l'époque...).

Malheureusement le dossier n'était pas complet et le Préfet exigea que lui fut expédié le dessin de la mécanique, ce qui fut fait en avril 1810...

En mai 1811, le conseil se plaint de n'avoir plus aucune nouvelle du Préfet ! Il ignore totalement si le projet a été validé ou pas. Il fallut à nouveau relancer le sous-préfet pour qu'il supplie à son tour le Préfet de s'intéresser un peu plus à ce petit village qui aimerait enfin connaître l'heure !
  
Suite à cela les délibérations restent muettes quand à la date exacte où fut installé notre horloge tant attendu, néanmoins on en trouve la trace peu de temps après. En effet, par délibération du 5 mai 1813, le conseil approuve une somme de 50 frs pour celui qui montera l'horloge ainsi que pour son entretient. Mais malheureusement, vu que personne dans le village ne voulut se charger de la besogne, jugeant celle-ci sous payée, il fut nécessaire de porter cette somme à 75 frs pour rendre l'offre plus alléchante : "Le conseil municipal observe à monsieur le préfet que l'article 5 a été augmenté de 25 Frs attendu que l'on ne trouve personne qui veuille se charger de l'entretient de l'horloge et la monter une fois par jour, cet entretient consiste à fournir l'huile pour oindre les rouages et pour fournir les cordes des contrepoids".

 Notre horloge fonctionna jusqu'en 1844, époque à laquelle, suite à de violents orages ayant causés de terribles inondations dans le village (septembre et octobre 1840), la tour qui l'abritait perdit son équilibre et qu'il fut ainsi nécessaire de l'abattre. Cette dangereuse besogne fut effectuée par les habitants d'Aiguèze au péril de leurs vies, et, comme le souligne le maire en 1845 : "La bonne volonté et le dévouement ne manqua à personne lorsqu'il fut question d'abattre la tour qui supportait le clocher et l'horloge parce qu'elle menaçait de s'écrouler, pas un n'a fait défaut à l'appel que j'ai fait à tous malgré le danger qu'il y avait à monter sur les murs qui ne tenaient déjà plus".
  
Après cet épisode qui fut funeste à notre horloge, les aiguezois furent privés de ce précieux mécanisme durant près de vingt années. Notre commune ayant eut en effet à faire face, durant cette période, à d'autres investissements beaucoup plus urgents. Il fallut attendre la délibération du 8 février 1863 pour voir l'adjoint au maire déposer sur le bureau de la mairie un accord entre Mr Millet, mécanicien du Pont St Esprit, et le maire de la commune, pour l'achat d'une horloge communale. Celle-ci fonctionnera de façon autonome durant quatre jours au lieu d'un seul pour l'ancienne, mais tout ceci est une autre histoire à aborder dans un autre article...



NB: Le dessin joint à l'article se veut interrogatif, en effet, les textes sont assez évasifs et ne renseignent pas avec exactitude le lieu, ou plutôt la tour, où fut installé notre première horloge. La délibération nous cite bien "la porte d'entrée du village du côté du midi", malheureusement au midi se trouvaient au moins trois tours qui auraient pu répondre à ce critère... Il faut attendre les délibérations des années 1840 pour apprendre que la tour détruite en 1845 et qui fut remplacée, à quelques mètres près, par le clocher actuel, abritait en réalité l'horloge. Mais cette tour ne servait pas de porte d'entrée du village, d'où confusion possible en lisant les anciens textes...

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