mercredi 15 mars 2017

La grande Grotte de Castelviel par Le Recataïre



Cette cavité, qui se trouve à la base du rocher de Castelviel, est une véritable énigme historique. Son entrée est située au bord de l'eau et conduit, par un grand couloir ascendant, à différents niveaux en forme de terrasses. Tous les niveaux portent les traces d'aménagements ayant permis l'installation de structures en bois. Ces aménagements consistent principalement par le creusement de nombreux trous de poteaux à même la roche. On les trouve au sol ainsi que sur les parois, ils permettent de reconstituer ce que devaient être les structures d'alors. De nombreuses marches aménagées de la même manière donnent un accès facile aux terrasses naturelles. On jouit de ces terrasses d'un parfait panorama sur le cours de la rivière, panorama permettant une surveillance sécurisée de toutes manœuvres sur voie d'eau. On note à l'entrée de la cavité de fortes traces d'ancrages de ce qui devait être une porte défensive.



Nous n'allons pas étudier ici le détail de tous les aménagements, mais, pour en donner une idée, portons un regard sur la première terrasse. Celle-ci est située à une dizaine de mètres au-dessus de la rivière. Très spacieuse, elle offre une surface utile de seize mètres en longueur pour six mètres quatre-vingt dans sa plus grande largeur. Sa superficie est d'environ soixante mètres carrés. Sur tout son pourtour, en bordure de falaise, on dénombre sept trous à poteaux dont un est une cavité naturelle. Ces trous sont de forme rectangulaire dont le plus petit fait 0,22m x 0,24m pour une profondeur de 0,23m. Ils permettaient de ficher à la verticale sept solides poutres d'une hauteur indéterminée mais avoisinant les deux mètres cinquante. Sur la paroi et à une hauteur de trois mètres cinquante en moyenne, on remarque dix petites cavités aménagées par nos bâtisseurs. Ces cavités sont bien moins profondes et servaient à fixer les poutres transversales afin de supporter la couverture. Le dessin joint à l'article nous donne une idée, pas forcément la bonne, du résultat final. A l'extrémité ouest de la terrasse, comme par grâce de la nature, une grotte peu spacieuse mais d'une vingtaine de mètres en profondeur devait permettre un stockage sécurisé de toutes denrées périssables. Une étude plus poussée de tous les aménagements reste à effectuer, pourquoi pas dans le cadre des actions que se propose d'effectuer notre association...



 Essai de reconstitution du site par Le Récataïre


Essais de datation : Le mot essais est ici le bienvenu, en effet aucune archive, aucune étude, nous aideront dans notre démarche ! Mais, quand même, certains soupçons de réponses s'offrent à nous, et même s'ils s'avèrent infondés ils ont le mérite de lancer le débat. La difficulté majeure étant qu'aucun vestige, comme tesson de céramique ou objet quelconque, ne semble avoir été découvert sur le site. Cette absence d'industrie est bien sur de nature à nous plonger dans l’embarras. Toutefois deux périodes sont susceptibles de correspondre à l'installation de ce campement fortifié.



La première période serait à mettre en relation directe avec l'oppidum romain se trouvant au sommet du promontoire de Castelviel, juste au-dessus de notre grotte. Il faut avouer que l'idée est tentante même si elle reste à confirmer. Durant cette période l'Ardèche marquait une frontière qu'il convenait de surveiller. On peut donc très bien imaginer que fut installé là un poste de surveillance permettant une relève de la garde grandement facilitée par l'oppidum tout proche. Ces deux sites superposés pouvant également former un véritable verrou en fin de gorges, installation propre à signaler tout mouvement de troupes ou déplacements commerciaux.



La seconde période pourrait également se situer durant le moyen-âge, mais cela avec beaucoup moins de convictions. On peut imaginer, une fois de plus, une petite installation militaire, mais celle-ci ferait double emploi avec celles existantes en aval. L'ancien régime est quant à lui à exclure car bien documenté.



On a aussi vu là un campement de pêcheurs. Les petites cavités creusées en bordure d'Ardèche un peu plus bas pourraient être mises en relation avec celles de la grotte, leurs formes présentant des similitudes. Mais le commerce du poisson imposait à nos pêcheurs un retour journalier vers les zones de vente. Cette installation, ayant demandé un travail phénoménal, aurait été pour eux de peu d'intérêt car les éloignant à la fois de leur commerce et de leurs familles. L'installation de cellules familiales sur notre site étant à exclure car on ne trouve à proximité aucun terrain cultivable propre à sa survie.



Toponymie : Pour beaucoup il ne fait aucun doute que cette cavité est la «Grotte des contrebandiers», mais cette certitude est mal fondée. Il paraît évident qu'il y a confusion avec la grotte toute proche nommée «Grotte des faux monnayeurs» ou «Grotte des écus». Cette dernière servit un temps au milieu du 19ème siècle à battre de fausses monnaies. Quant à notre grotte, elle était bien trop exposée au regard, bien trop connue de tous les bateliers, pour que l'on puisse s'y adonner à la contrebande ! Il n'aurait pas fallu une semaine pour voir débarquer toute la «gent d'armerie» du coin...



Voilà pour ce survol rapide d'un haut site archéologique aiguézois. Une étude plus poussée nous en apprendra certainement beaucoup plus. De même, si vous avez quelques précisions à ajouter, quelques renseignements dont vous avez connaissance, n'hésitez pas à compléter l'article en utilisant l'espace se trouvant ci-dessous.



Lou Récataïre