mercredi 31 janvier 2018

UN FOUR A CHAUX INÉDIT DANS LES BOIS D'AIGUEZE



   Perdue au milieu des bois d’Aiguèze se trouve une structure qui ne manque pas d’étonner, un immense tertre barrant une dépression naturelle, aujourd’hui couvert d’une végétation dense. Quelle pouvait bien être sa fonction et de quelle époque pourrait bien être ce monticule constitué de terre et de pierres ? Telles sont les questions que l’on se pose immanquablement en tombant sur ce monument, au hasard de quelques cueillettes de champignons !



  Au premier regard le préhistorien pensera à un tumulus et l’agronome à un vulgaire « clapas ». Ce sont en effet les premières sensations qui parcourent l’esprit devant ce qui ne ressemble plus qu’à un monticule informe. Pourtant très vite quelques détails attisent la curiosité. En effet, au sommet du monument une structure quadrangulaire occupe une grande partie de l’espace, celle-ci longue de trois mètres et large de deux est constituée de grosses pierres formant un espace aménagé. On note que, contrairement aux nombreux « clapas » que l’on rencontre très couramment dans nos garrigues, notre amoncellement est en grande partie constitué de terre et par assez peu de pierres, ce qui élimine bien évidemment la possibilité qu’on soit ici en présence d’épierrements pour faciliter les cultures tout autour. Même remarque pour un possible tumulus qui dans nos contrées sont également essentiellement constitués de pierres ramassées aux alentours. La toponymie est aussi d’une aide précieuse, en effet l’objet qui nous intéresse se trouve dans un « Combillon » de la Combe du Four… Ces quelques constatations posées, la solution à notre énigmatique monument s’offre à nous comme une évidence : Nous sommes ici en présence d’un très ancien four à chaux ! Malgré le piteux état de conservation, avec un sommet arasé et une base qui s’étend, on en devine encore parfaitement le fonctionnement.

   Les anciens fours à chaux étaient composés d’une simple cheminée plus ou moins spacieuse, isolée par un monticule de terre pour éviter les déperditions de chaleur, avec à sa base une ouverture pour charger le foyer. Il suffisait ensuite d’amonceler par-dessus alternativement bois  et calcaire concassé jusqu’au sommet de la chambre. Après plusieurs jours de chauffe intense dépassant les 900 degrés on obtenait de la chaux vive. C’est dans cet état que la production était acheminée jusqu’au village, là elle était copieusement arrosée pour obtenir en premier lieu une pâte puis ensuite le produit fini propre à bâtir. On peut imaginer que ce four et la chaux produite sont à l’origine de nombreuses bâtisses Aiguézoises, mais, si quelques anciens textes nous citent l’usage de constructions montées « à chaux et à sable », aucun nous signalent la provenance du liant.

   Voilà pour ce bien curieux monument, oublié de tous, perdu au milieu de nulle part et qui pourtant rendit de grands services à quelques Aiguézois entreprenants…

Lou Récataïre






Structure interne avec en bas le foyer


Vue du dessus

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire